God save the queen
Y a des jours comme ça ...
Où je suis très comme ça :
Par exemple hier, à la radiothérapie, je sais pas, je les ai trouvés très cons. Je leur ai jeté mes regards les plus mauvais. Je suis partie sans leur parler, sans leur dire au-revoir, sans les regarder, royalement drapée dans mon foulard masquant mes pauvres seins martyrisés par le cancer (à gauche) et l'attraction terrestre (à droite), dédaigneuse, et une fois dans ma cabine je leur ai lancé à travers la porte mon "Connards ! " le plus puissamment silencieux assorti de l'image ci-dessus.
Mais pourquoi tant de haine ?
Bin me rappelle plus. Juste une façon de me parler, de ne pas me regarder, ou comme un bout de bidoche, d'avoir un langage forcé : "alors madame machin, vous allez retirer la chemise, oui, vous allez lever les jambes, hein madame machin".
Prends-moi encore pour une huître, crétin.
Qui en plus s'impatiente parce que je ne lève pas assez bien les deux jambes, allongée sur leur table à la con, mes jambes gonflées par l'oedème et crampées par le taxotère, fatiguée, énervée.
Prends-moi encore pour un lapin de six semaines, andouille.
Qui s'imagine que je n'ai pas encore compris que les rayons c'était torse nu, qui ne percute même pas avec ses 3 neurones uniquement consacrés à ses machines et ses séances de squash que j'ai pas envie de me trimballer les nibards à l'air au milieu de toutes ces machines, ces gens habillés qui m'appellent "madame machin" en beuglant et en articulant comme si j'étais une grabataire à moitié sourde et abrutie, que j'ai envie de me déshabiller au dernier moment pour garder un petit semblant de dignité avec mon buste ravagé, mes trois poils sur le caillou et ma perruque qui glisse sur le côté.
Grosse buse, tiens.
'tiiin, j'étais punk, hier ! même mes cheveux étaient tout hérissés !!!