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My Cancer is Rich
25 novembre 2007

Ode à mon Jojo...

docOn va bientôt devoir se quitter...

J'ai bientôt fini mes rayons, et je crois, mon Jojo, que tu vas me manquer...

Ton air de savant absorbé et ronchon,
ta façon de parler de ta retraite avec tes collègues en me gribouillant la poitrine comme si j'étais une pièce de boeuf,
l'impression que tu sursautes quand je te parle "hein ? quoi ? ya quelqu'un ???",
ta sécheresse insupportable qui bizarrement s'effondre quand tu souris miraculeusement en fin d'entretien pour me dire au revoir sans m'avoir dit bonjour (le soulagement?),
ton air de vieux de la vieille à qui on ne la fait pas, tes sourcils toujours froncés qui ne regardent personne, juste des dossiers, malgré tout ça tu as un jour fait quelque chose qui me fait tout pardonner.

Parce que ce jour-là, après m'avoir tripatouillé comme un bout de bidoche pendant une demi-heure, quand on m'a dit qu'on ne pouvait pas finir le scanner à cause de ma "morphologie compliquée" et que je suis partie en pleurant et en marmonnant "bande de cons", en croyant que j'avais une espèce d'énorme tumeur poulpesque étalée dans toute la poitrine, ou rien du tout mais qu'on n'allait pas pouvoir me faire mes rayons, mais qu'en tout cas ça méritait plus de communication, et quand l'Homme de la Pampa (c'est mon poteau) est revenu demander des explications, tu as pris le temps de sortir de ta bulle informatisée, de t'asseoir à une table avec moi, et d'essayer de m'expliquer un truc archi-compliqué auquel je n'ai strictement rien compris.

Franchement, ça ne m'a pas spécialement rassurée ni intéressée, ça ne répondait pas à ma problématique de base qui était "je ne suis pas un numéroooOOOOo!!!", je n'ai strictement rien compris à tes explications techniques, et d'ailleurs je m'en foutais royalement. Quand j'essayais de te faire comprendre ma problématique de base, tu me répondais par des schémas sur papier me montrant les différents angles de radiations. Alors je t'ai écouté en souriant, en prenant un air intéressé, et je t'ai dit merci beaucoup, c'est très gentil d'être venu. En fait j'ai vu un monsieur plein de bonne volonté, mais qui ne comprenait rien à moi ; et pourtant ce monsieur fait partie de l'équipe qui me sauve la vie, fou, non ? C'était un peu comme une espèce de grosse brute qui essayerait de consoler une petite fille en pleurs en lui montrant les finitions techniques du bazooka avec lequel il vient de dégommer une bande de méchants.

Et le jour où un vieux monsieur est venu te voir au milieu du hall d'entrée pour te demander si c'était bien toi le docteur de nationalité islamiste et que tu lui as dit "oui" avec un grand sourire même pas ironique, là, j'ai été bluffée. Je me suis dit "wouaaah purée, le Mec, le self-control ! la classe internationale !"

Moi je dis, Jojo, respect. T'es pas cool, t'es pas sympa, t'es même désagréable, tu te tamponnes royal de mes douleurs, mais vas savoir pourquoi, j't'aime bien.



Si quelqu'un de l'hôpital lit ça en sachant de qui je parle et/ou qui je suis... j'ose même pas imaginer ;-))) s'il vous plaît, si vous me reconnaissez, soyez sympas, soignez-moi quand même !!! J'vous jure, je regrette !!! J'le pensais pas !!! Mais le dites paaaAAAaaas !!!



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Commentaires
F
Un vrai professionnel, ce tonton flingueur dis-donc ! Toute une carrière à flinguer des tumeurs, avec pas le droit de se tromper. C'est le tueur à gage de la tumeur, elle revient tous les jours, logée dans des morphologies différentes, mais c'est la même qui revient à chaque patient...
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