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My Cancer is Rich
2 juin 2008

Historique 7, Bienvenue

- j'ai écrit ça en janvier, je me décide quand même à le publier...-

sallechimio

Bienvenue dans un monde meilleur, bienvenue au bâtiment A.

Jusqu'ici je ne connaissais que le bâtiment D pour les divers et sympathiques examens à passer, mais là je découvre enfin le bâtiment A, le centre névralgique du centre anticancer, là où meurent les patients en fin de vie, là où circulent les chimiothérapisés, là où on trouve le personnel qui fait joli, en dehors des oncos, comme kiné, nutritionniste, infirmière "de liaison", assistante sociale, esthéticienne, tout ça.

J'entre dans le bâtiment A, à la fois pour qu'on me pose un PAC (ou cathéter, ou chambre implantable) et pour qu'on m'envoie la première dose de chimio, ma copine l'épirubicine, du Fec 100.

Evidemment, forcément, bien entendu, bien sûr, on me demande de venir à 9h à jeun pour me faire passer sur le billard 2 bonnes heures plus tard. A ce moment je ne suis pas encore blasée, aujourd'hui je suis empreinte d'une sagesse millénaire et je SAIS que... bin c'est comme ça et pis c'est tout.  T'es malade, tu poireautes. T'as un cancer, tu poireautes encore plus. On ne nous appelle pas des patients pour rien.

Qu'à celà ne tienne, je suis d'une zénitude absolue. Enfin à peu près. Plus ou moins, quoi. Enfin plus tant que ça. Mais heureusement, je finis par passer. On m'endort avec un masque et une fois de plus je cligne des yeux et hop ! me voilà réveillée avec un alien au-dessus du sein droit.

Il est midi, J'attends impatiemment mon injection.

OUI je sais, c'est bizarre. Il y en a certaines (certaines, que je ne nommerai pas), certaines, donc, qui redoutent la chimio, et qui en se promenant sur les blogs des autres, angoissent en voyant des descriptions effrayantes de ce qu'est une chimio Fec (mais bien sûr, je ne les nommerai pas).

(c'est pas mon genre)

Bref.

Donc j'attends avec impatience mon injection, parce que c'est elle qui va me "garantir" (il y a des phases de vie où on revoit ses critères de garantie à la baisse) que les vilaines petites cellules toutes pourrites ne sont pas allées, et ne vont pas, ou plus, se balader dans le reste de mon corps.

Et puis après toutes ces attentes, un peu d'action c'est bon à prendre.

Le chirurgien m'avait conseillé de me couper les cheveux très courts pour m'habituer avant la chimio, alors j'ai obéi, je me les suis coupés aux épaules.

Enfin voilà, je suis donc très zen, prête, j'attends.
J'attends.
J'attends.
Pompompom


Il est 17h, je pète un plomb. Toute rouge et en larmes, je remballe mes affaires et annonce à l'infirmière que leur chimio, ils peuvent se la carrer où ils veulent, mais qu'en ce qui me concerne, je m'en passerai parce que là, j'en ai ras la soupière. On ne m'a même pas mis de patch pour la piqûre, ni d'antivomitif qu'on doit prendre une heure avant, rien.

La moitié de l'hôpital se jette à mon chevet (mes grands-parents vivaient près de Marseille) et me supplie à genoux de ne pas partir. D'un air fâché mais digne quand même, je daigne rester. Mais le service fermant à 18h, c'est une chimio de Fec ultra-rapide qu'on m'injecte en même temps qu'une litanie d'excuses.

En fait, je crois bien qu'on m'avait oubliée. Plus de place au rayon "chimio", on m'a stockée au rayon "chirurgie" et du coup je crois bien qu'on m'a légèrement zappée.

Je rentre chez moi épuisée, non pas par ces grosses seringues rouges qu'on a vidées dans mon corps, mais par la tension nerveuse accumulée.

Ensuite, ce sera beaucoup mieux rythmé :
1 semaine dans mon lit,
1 semaine légèrement glauque,
1 semaine pas mal du tout,
une virée à la pharmacie,
des cachets de cortisone effervescente,
un cachet d'antivomitif,
un patch anesthésiant pour la piqûre,
un taxi qui m'attend devant la porte,
et hop, c'est reparti pour 5 autres chimios.

Incroyable. Le simple fait d'écrire tout ça et de me replonger là-dedans, un an après, et la sensation digestive revient. Vous savez, ce "petit goût de fer" qui vous emballe de l'estomac à la bouche (version expurgée). J'en suis même toute fatiguée et je crois bien que je vais faire une sieste...








 


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Commentaires
B
Dis moi pourquoi tu n'avais pas écrit ça au moment précis où ça avait lieu? De toutes les façons, tout comme toi, il m'arrive encore de repenser à tous ces moments. Au départ de toute cette histoire. Et j'ai comme une impression mélangée de "c'est pas moi" et en même temps "ça m'est arrivée"... "c'est si loin" et pourtant "c'est si proche"... curieux comme impression.<br /> Plein de big bisous ma belle.
C
Oui, pour certaines c'est du passé qui parait loin et désincarné.Pour moi ce sera du présent cette semaine et vous lire me fait un bien immense.Votre humour...Est ce encore possible de croire que l'on peut parler ainsi de ce crabe et des éventuelles crevettes! Continuez à écrire!Nous avons/ J'ai besoin de vous!
L
car après avoir tout lu, j'ai seulement vu le titre en bleu qui criait janvier !!!!<br /> OUF, c'est du passé, vachement bien décrit mais du passé !<br /> Bisous,<br /> Luciole
G
oui super de te retrouver, de pouvoir te lire à nouveau. Est ce que tu sais combien tu nous manques ?? ben oui, que veux tu, tu as ton petit public........ Bises
F
je ne sais même pas dire si le temps passe trop vite ou pas :)
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