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My Cancer is Rich
22 novembre 2007

Philosophie de comptoir

schopenhauer1Oui de temps en temps je réfléchis.
Pas trop parce qu'après ça déprime.
Mais un peu quand même de temps en temps, mais je reste accrochée au comptoir.


Ma fille collégienne vient de lire un livre qui raconte l'histoire d'un garçon orphelin qui vit depuis 10 ans chez sa grand-mère paternelle une vie petite, monotone et triste. La seule petite chose légèrement originale de sa vie, c'est une lettre indéchiffrable de son arrière-grand-père mort en 14, une sorte de secret de famille.

Le garçon commence à vouloir de la nouveauté et du dialogue, et interroge sa grand-mère sur ce qu'elle fait pendant qu'il est à l'école : "je survis et je pense aux morts". En gros. Bonne ambiance, non ?

A la fin de l'histoire, on finit par déchiffrer la lettre mystérieuse. Le papy, depuis ses tranchées, dit que ça caille sévère et qu'il aimerait bien qu'on lui envoie des chaussettes et des caleçons en laine. Comme secret de famille, c'est un peu pitoyable, à première vue. Mais quand le garçon montre ça à sa grand-mère en s'imaginant qu'elle va déprimer à mort, elle éclate de rire et l'interprète de la façon suivante : c'est la lettre d'un homme qui essaye de survivre ; elle réalise qu'elle a passé les 60 dernières années de sa vie à obéir à une injonction familiale cachée qui était de survivre. Mais là, elle comprend que c'était une belle idiotie, et que ce qu'il faut c'est vivre, ce qu'elle choisit de s'appliquer à faire, à 80 ans. Elle a raison, il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Alors cette notion de survivance, ça m'a fait penser à un terme que je vois utilisé de temps en temps : "Je vous présente Machine, une survivante du cancer du sein".

Je me dis que moi aussi dans quelques temps je pourrais entrer dans le club des survivantes du cancer.
Ou pas. Mais ça, on s'en fout, c'est pas la question du jour.
En tout cas ça fait tout drôle de penser à ça, se voir sous un éclairage de "survivante".
Ca fait même un peu peur.

Vue comme ça, la survivance c'est comme une sorte d'identité qui nous colle à la peau jusqu'à ce qu'on finisse une bonne fois pour toutes par y passer - parce que de toutes façons, je ne voudrais inquiéter personne, mais ça nous pend quand même un peu tous au nez.

Avec le cancer on n'en a pas fini de survivre, effectivement. Entre le moment où les soins sont finis et celui où on nous déclare guéris, on a largement le temps de mourir d'autre chose ;-))) Sans compter ceux qui sont déclarés guéris au bout de 20 ans et qui se payent une récidive la 21ème année...

Bref, j'aimerais bien ne pas avoir à survivre, et être assez fortiche pour vivre, quoi, normal. Ne pas me laisser impressionner par un traitement sur 5 ans, les séquelles physiques, les examens quitte ou double tous les ans, les rinçages de Pac (clin d'oeil à Béatrice)... Quoiqu'en disent les médecins, quels que soient les résultats ultérieurs. C'est un sacré exercice mental, mais bon, à la limite, je suis plus douée pour ça que pour l'exercice physique alors je vais m'y essayer ! ;-)


(gloups)

Oui, je sais, ça sent l'angoisse de fin de traitements, là... ok, ok...


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Commentaires
L
Je ne me vois pas du tout comme une survivante -brr, deja le mot - mais moi, ce qui me pose probleme 8 mois apres, c'est la façon de la dire dans la conversation. deja faut-il le dire ou pas à des gens qu'on ne connait pas bien, comme ça au detour d'une conversation sur les médecins et le suivi médical par exemple. Est-ce que j'en fais pas trop de réveler un truc comme ça qui fait un peu "bombe atomique" . je vois la tete des gens ( j'en parle parce que ça m'est arrivé hier) et quand je le dis, j'ai toujours l'impression de le dire en m'excusant de le dire...c'est tres bizarre. parfois je me dis meme que les gens vont penser que je me la joue survivante justement. j'ai beaucoup de mal avec ça. en gros, est-ce que je le cache comme un truc honteux, ou est ce que je balance ça comme un fait anodin qui m'est arrivé?
S
Comme tu as raison: tiens aux USA les femmes qui sont en rémission se font appeler 'survivor' ... ce mot m'a toujours glacé!<br /> Vivre c'est déjà tout un programme, alors survivre pfff ça devient lourd...
N
N'importe quoi, je t'assure je ne survis pas, qu'elle horreur, je vis et bien mieux qu'avant en appréciant plus les belles choses de la vie même toutes petites, et en écartant plus toutes les mauvaises. Tu verras le cancer tout doucement on l'oublie, même si de temps en temps il se rappelle à nous lors de resultats d'examens par exemple. Nous avons tous en nous cette capacité à mettre en veille les mauvais moments, ou à nous en servir pour vivre, vivre mieux, vivre plus fort......
Z
c'est pas si simple l'après, et on est tourà tour d'humeur + ou - comme si ou comme ça, pour reprendre un peu l'exercice sur les synonymes :<br /> rescapé : vi vi, indemne : non non, sain : pas sur, trainant : les autres voui voui, surnageant : parfois, miraculé : je sais pas encore, persistant : j'essaye je vous jure, continuant : cahin caha, mais vivant : yesssss ça c'est sur !<br /> bref plus jamais comme autre chose qu'une survivante c'est vrai mais si on y regarde bien c'est quand même super chouette d'être encore et toujours une SUVIVANTE.<br /> Tchusss
B
Oh que oui vivre tout simplement et sans plus se poser de questions. Vivre tout simplement, mais que le tunnel est long même si on est "sorti" du circuit médical on y est encore... un sentiment de ras le bol, moi aujourd'hui, je vais aller me recoucher,enfin si je peux.:))
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